Droit de réponse

J’ai été attristée à la lecture de M le magazine du Monde du 18 février dernier qui mettait violemment en cause mon comportement d’employeur. J’ai surtout ressenti de la colère en constatant qu’un simple témoignage isolé et sans fait objectif suffisait à nourrir une condamnation publique, surtout qu’il aurait été facile de confronter le point de vue cité dans l’article à celui de mes autres collaborateurs. Eux n’ont pas du tout vécu les choses de la même manière. Ils ont d’ailleurs été eux-mêmes choqués par cette mise en cause et ont souhaité y répondre publiquement. Je partage ici leur texte.

« Nous avons travaillé avec Élise Fajgeles comme assistants parlementaires et stagiaires et nous avons été choqués par l’article publié le vendredi 18 février dans les colonnes de “ M le Magazine du Monde ” dénonçant les conditions de travail de certains collaborateurs et les traitements que leur font subir leur employeur. Le témoignage de notre ancienne collègue, Marianne Darmon, ne correspond en rien à ce que nous avons vécu. Si le sujet du harcèlement des collaborateurs politiques est un vrai sujet, qui nous touche et nous concerne, nous avons été très mal à l’aise à la lecture de ce portrait à charge.

Aussi, devant le risque de récupération politique qu’entraîne la publication de cet article, nous tenons à exprimer une version radicalement différente de la situation à la lumière de nos expériences de collaboration avec Élise Fajgeles.

Tout d’abord, l’angle de l’article nous étonne : pourquoi faire le choix de s’attarder uniquement sur le récit d’une seule de ses anciennes collaboratrices parlementaires, sans prendre la peine de contrebalancer ses propos par ceux des autres membres de l’équipe ? Sans doute parce qu’elle était la seule à coller au ton de l’article. Nous sommes reconnaissants au journaliste de chercher à pointer des dérives dans la relation élu/collaborateur, mais en l’espèce, nous avons juste envie de dire que ça ne correspond pas à la réalité. L’importance du sujet interdit les contre-sens ; nous refusons que soient entachées la réputation et l’honnêteté d’une ancienne parlementaire qui n’a, dans ce domaine, rien à se reprocher.

Loin du ressenti de Marianne, nos expériences sont tout autres : travailler aux côtés d’Elise Fajgeles à l’Assemblée nationale a pour nous tous été autant une école d’exigence, d’intensité et de rigueur que de bonne humeur, de respect et de travail d’équipe. Nous pouvons attester qu’elle a toujours fait preuve de justice et de considération pour ses équipes, y compris dans des moments particulièrement agités de l’actualité politique. Des liens ont été tissés, pas seulement en “interne” de l’équipe – nous sommes toujours en contact entre nous et nous retrouvons avec plaisir- mais aussi avec Elise Fajgeles, parlementaire compétente et impliquée dans sa mission, à laquelle nous sommes fiers d’avoir contribué. Chaque occasion de la revoir est un moment de convivialité sincère, que nous apprécions à sa juste valeur.

Par ailleurs, la vie et le rythme d’un collaborateur parlementaire sont tributaires de l’agenda de l’élu, quelle que soit son appartenance politique. Profession difficile et prenante compte-tenu des horaires et des changements permanents d’agenda, c’est aussi une fonction qui nécessite loyauté et capacité d’adaptation : il faut être capable d’articuler ses obligations professionnelles avec sa vie personnelle. Personne ne l’a jamais nié, Elise Fajgeles la première, lors des recrutements, et c’est un choix que nous avons toutes et tous assumé en connaissance de cause.

Enfin, il aurait été honnête, par souci de probité intellectuelle, que l’article du M mentionne “d’où parle” l’ancienne collaboratrice d’Elise Fajgeles, mobilisée dans la campagne présidentielle de Christiane Taubira. Si son engagement militant est respectable, on ne peut ignorer les arrière-pensées politiques de son témoignage.

C’est pourquoi nous souhaitons aujourd’hui témoigner publiquement de notre soutien et notre affection à Elise Fajgeles face à ces attaques injustes et dénoncer leur instrumentalisation dans la campagne électorale qui s’engage. »

Constantin de Salvadore – Wladimir Gauthier – Manon Martinez – Kévin Berthelot – Adrien Broche – Angèle Marion – Roxane Melloul – Margaux Wahba