Discours d’Emmanuel Macron devant le Congrès : retour sur une première année riche

Lundi 9 juillet, le Président de la République s’est exprimé devant le Parlement réuni en Congrès à Versailles. C’était une des promesses de campagne d’Emmanuel Macron que de venir devant les députés et les sénateurs afin de présenter le programme du Gouvernement pour l’année à venir. C’est aussi l’occasion pour nous, parlementaires, de nous réunir pour un grand moment d’unité nationale et républicaine, transcendant nos affiliations politiques. Très émue de participer à ce grand moment démocratique, je ne peux que regretter la décision des députés de La France insoumise et de certains élus Les Républicains d’avoir boycotté ce discours. Par ailleurs, le Gouvernement proposera un amendement à l’actuelle réforme constitutionnelle permettant au chef de l’État de répondre aux questions des parlementaires à l’issue de son discours l’année prochaine. 

Le Président de la République a salué le travail législatif intense de l’année écoulée, tout en rappelant que celui-ci doit s’inscrire dans le temps long. Son discours a permis de redonner le sens général de notre action, déjà décliné en de très nombreuses réformes. Si notre économie bénéficie déjà d’un retour de la confiance, tous les effets concrets des réformes adoptées ne sont en effet pas immédiatement tangibles. Réformer en profondeur implique nécessairement un bouleversement progressif mais cela ne doit pas nous détourner de notre objectif : apporter à la France les transformations dont elle a besoin depuis tant d’années.

Emmanuel Macron a rappelé une évidence : tout Président de la République qu’il est, il ne peut pas agir seul, et a besoin du concours de toutes les forces vives de la nation. Aussi, le chef de l’État a fixé un cap clair, dessiné un nouveau modèle social, qui pourrait être celui de l’État providence du XXIème siècle, plus responsabilisant, mais aussi plus protecteur. 

Cela passe tout d’abord par la volonté politique de donner à chacune et chacun la possibilité de s’émanciper, d’être maître de son propre destin. L’émancipation, cela passe par la lutte contre ce que le Président de la République a nommé les « inégalités de destin », cette idée selon laquelle nous serions assignés à une place fixe dans la société dès notre naissance, sans possibilité d’évolution. Or nous considérons que l’effort et le mérite doivent servir de levier à l’élévation sociale. L’éducation joue ici un rôle fondamental, car l’enfant d’aujourd’hui est le citoyen de demain. Il est donc de notre devoir de garantir l’accès à l’éducation pour tous, en apportant un soutien tout particulier à ceux qui en ont le plus besoin. Cela passe par l’école maternelle obligatoire dès l’âge de 3 ans, car c’est dès cet âge que les inégalités se forment, mais aussi par le dédoublement des classes de CP et de CE1 dans les réseaux d’éducation prioritaire, mesures saluées par l’ensemble de la communauté éducative. 

L’émancipation, c’est aussi permettre à chaque Français d’avoir un travail. La réforme du Code du travail a permis une libération du marché de l’emploi, sans pour autant rogner sur la protection sociale des travailleurs, eux qui sont le cœur de notre dynamisme économique. Cet élan va se poursuivre avec les réformes de la formation professionnelle et de l’apprentissage, ainsi que de l’assurance chômage. De plus, la loi PACTE va venir donner plus de souplesse à nos entreprises, en particulier les PME, et leur apporter les outils nécessaires pour investir et innover.

C’est donc un accompagnement tout au long de la vie que nous souhaitons mettre en place, de l’école à la retraite, en passant par la formation professionnelle, protégeant le citoyen non pas parce qu’il serait attaché à telle corporation ou occuperait tel statut, mais protéger la personne en lui donnant les clés pour réussir et s’émanciper car le travail est la meilleure politique sociale.

L’autre objectif du Président de la République, du Gouvernement, et nous, parlementaires, c’est la garantie de notre ordre républicain, auquel je suis particulièrement attachée. 

Cela passe tout d’abord par une action permanente au service de la sécurité des Français. Cette année, nous avons mis un terme à l’état d’urgence en adoptant en octobre 2017 une loi anti-terrorisme, la loi SILT, qui cible davantage la menace et intègre dans le droit commun les instruments de lutte appropriés. D’ailleurs, le Premier ministre a annoncé ce vendredi plusieurs mesures, dont la mise en place du Parquet national anti-terroriste annoncé en décembre dernier par la garde des Sceaux. 

C’est également l’égalité entre les femmes et les hommes, érigée grande cause du quinquennat et dont la lutte contre les violences faites aux femmes a été le 1er volet cette année. Très attachée à cause, je suis heureuse d’y avoir participé en proposant dans le rapport remis à 3 ministres avec 4 autres de mes collègues la création d’une nouvelle infraction, l’outrage sexiste. Sa verbalisation sera d’ailleurs une des ambitions de la Police de sécurité du quotidien, qui sera mise en place dès 2019 dans soixante quartiers de reconquête républicaine, dont le quartier de la Chapelle dans 10ème arrondissement de Paris.  Véritable refonte de nos forces de l’ordre, cette PSQ, qui s’appliquera à l’ensemble du territoire, passe par plus de terrain et davantage de contacts avec la population. 

L’ordre républicain au service de la cohésion nationale, c’est également un combat pour que la laïcité soit garantie dans notre pays. La laïcité, c’est à la fois une liberté – celle de croire ou de ne pas croire – mais aussi l’exigence que l’exercice du dogme religieux ne place pas la loi du culte au-dessus de celle de la République. Aussi, face à la menace du fondamentalisme musulman, le Président a annoncé une réflexion d’ensemble pour faire face aux dangers de l’Islam politique en France. 

La réussite de la France, c’est enfin la réussite de l’Europe. Le Président de la République l’a rappelé, cette Europe est aujourd’hui sclérosée par les divisions, par une bureaucratie lente qui n’arrive pas à répondre aux attentes des peuples européens. Les récents résultats électoraux en Europe de l’Est mais aussi en Italie, portant au pouvoir des partis eurosceptiques, doivent nous alerter. Ils sont le témoin de la rupture du lien entre l’Europe et ses citoyens. Une Europe paralysée, c’est une Europe qui alimente ces nationalismes dont l’histoire nous a appris qu’ils ne sont jamais la solution. Aussi, face à cette tentation du repli sur soi qui menace nos sociétés, l’Europe doit fixer un nouveau cap. La France est d’ores et déjà à l’initiative sur de nombreux sujets : accord sur l’initiative européenne d’intervention en matière de défense, mise en place d’un budget de la zone euro pour 2021… Car ce n’est pas un aveu de faiblesse que d’affirmer haut et fort que les solutions aux difficultés qui frappent notre pays doivent être recherchées non pas uniquement à l’échelle nationale, mais aussi européenne. Je pense à ce titre à l’accord de l’UE sur les migrants conclu le 29 juin dernier, qui est une avancée importante pour un meilleur accueil sur notre territoire. Il est essentiel que tous les États membres s’investissent dans ce processus d’accueil, afin que la pression migratoire ne pèse pas que sur quelques pays seulement. Je me réjouis de cet accord, car en tant que rapporteure de la loi Asile, immigration et intégration, je suis parfaitement lucide sur le fait que cette loi à elle-seule ne résoudra pas toutes les difficultés de la situation migratoire, et que celle-ci doit s’inscrire dans un cadre d’action plus grand : l’Europe bien sûr, mais aussi l’Afrique. Car quand l’on voit ces jeunes Africains quitter leur continent, prendre tous les risques pour une traversée le plus souvent dans des conditions dangereuses et précaires, entretenant par ailleurs des réseaux de passeurs illégaux, nous nous devons d’agir et développer avec l’Afrique un nouveau partenariat. Je me réjouis à ce titre que le Président ait rappelé que nous devions assumer nos responsabilités face au défi migratoire immense auquel nous sommes confrontés, sans émotion et sans colère, sans facilité ni évidence, mais en assumant la ligne de crête entre humanité et pragmatisme.

Dans ce contexte, la responsabilité du Président de la République, du Gouvernement et de nous, parlementaires, est immense. Nous ne pouvons que réussir, car les Français ne nous pardonneront pas l’échec, qui aurait pour conséquence désastreuse de porter les populistes au pouvoir.