Lettre ouverte à Agnès Thill.
Chère Agnès,
Rassembler des gens d’horizons si différents : tel est le défi un peu fou d’En Marche !
Tous ceux qui ont embarqué dans cette aventure ont eu à cœur de démontrer que ce rassemblement « contre-nature » n’était pas un contre-sens. Car au-delà des clivages partisans traditionnels, au-delà des habitudes politiques, des routines électorales, nous sommes réunis par un solide socle de valeurs. Celles-ci puisent essentiellement dans le libéralisme politique qui promeut l’émancipation des individus, la possibilité pour chacun de conduire sa vie comme il l’entend, de s’exprimer pleinement, de s’arracher aux assignations sociales, statutaires, culturelles. Une traduction concrète de ce principe philosophique est la promotion continue de l’égalité des sexes et des orientations sexuelles.
Tu as « défrayé la chronique » une première fois quand tu as répondu à l’invitation que j’avais postée sur Twitter pour un café citoyen, organisé dans ma circonscription, sur le thème de l’ouverture de la PMA à toutes les femmes. Tu as alors mis en doute la sincérité de ma démarche en évoquant un « puissant lobby LGBT à l’assemblée nationale ». Depuis, tu as régulièrement réitéré des propos contraires aux valeurs portées par notre groupe parlementaire jusqu’à mettre en cause notre ministre et ami Gabriel Attal.
Agnès, j’ai toujours pris le temps de discuter avec toi malgré nos désaccords flagrants, j’ai toujours pris au sérieux tes positions en espérant te ramener à de meilleures dispositions, bref, j’ai voulu respecter l’unité du groupe et participer autant qu’il m’était possible à sa cohésion.
Au moment de quitter ce groupe auquel je suis tant attachée, je veux te dire : « tu fais beaucoup de mal ».
Tes opinions sont manifestement en décalage total avec l’identité de notre mouvement, en tout cas, elles sont diamétralement opposées aux miennes. Ta stigmatisation des mères célibataires est rétrograde, ta dénonciation des couples homoparentaux réactionnaire, ta vision de la femme et de la famille contraire à tout le discours de progrès et d’émancipation qui fonde notre action. Tu déploies ton astuce pour refuser le principe d’égalité au prétexte de la différence comme si notre République, depuis plus de deux siècles, n’avait su concilier cet idéal et cette réalité, comme s’il fallait être identiques pour être égaux. C’est un non-sens. Tu bafoues nos principes, ceux de la République et ce faisant, tu blesses des parents et des enfants. Autant dire que nous sommes très loin de la bienveillance à laquelle nous sommes censément attachés.
Alors que le mariage pour tous a été voté il y a 6 ans et que des enquêtes établissent qu’il a contribué à faire reculer les préjugés homophobes, alors que d’autres enquêtes indiquent que ¾ de nos concitoyens sont favorables à l’ouverture de la PMA à toutes les femmes, notre société est prête à franchir un nouveau pas vers le progrès. C’est de notre responsabilité de l’accompagner. Avec ou sans toi ?